Enfin… ça explose !

« La fille de 15 ans », c’est un film qui est sorti en 1989, je viens de vérifier. J’avais 16 ans, c’est une période de ma vie où j’allais au cinéma toutes les semaines, tous les mercredis pour être exacte, après le bahut, généralement seule. Souvent je changeais de salle à la fin d’un premier film pour en voir un deuxième, gratos. C’est mal ? Non, c’est joli, en vrai… les cinéphiles apprécieront.

« La fille de 15 ans » m’a laissé un souvenir bouleversé. J’avais adoré la relation entre Judith Godrèche et Melvil Poupaud, tellement tendre, tellement respectueuse, tellement patiente. Elle ne voulait pas faire l’amour avec lui, il acceptait cette relation platonique expliquée, assumée, et c’était beau, je trouvais ça beau.
Le rôle du père de Melvil Poupaud était tenu par le réalisateur, Jacques Doillon. On sait aujourd’hui combien occuper ce rôle était en réalité un acte pervers. Le père emmenait le petit couple en vacances et tombait sous le charme de cette jeune fille, si jolie dans ses robes à fleurs, légère, drôle, blessée aussi, déjà abîmée par les hommes. Pour écrire un rôle aussi subtil, aussi clairvoyant sur le désir des jeunes filles, il faut qu’il en ait parfaitement compris les rouages, les fragilités. Il me semble que ça ajoute à la perversité. Il sait ce monsieur, il sait très fort et utilise cette compréhension pour manipuler. Son personnage dans le film parvenait à ses fins, il trahissait donc son propre fils et cette jeune fille de quinze ans qui s’était laissée convaincre, qui espérait ainsi en finir avec la relation triangulaire malsaine qui menaçait l’équilibre de son histoire avec son jeune amoureux.
Voilà le souvenir que j’en ai gardé. Le film dénonçait finalement, d’une certaine façon. Le rôle que tenait Jacques Doillon était dégueulasse, volontairement dégueulasse, avais-je cru comprendre, et c’était un rôle.
Apparemment non, pas que.
Et il faut bien que ça explose.
Boum.
Dans vos tronches de dominateurs, de violeurs, d’abuseurs. Pas des bêtes au QI de poireau embarrassés de leurs frustrations et incapables de gérer leurs émotions, non, pas du tout. Des mecs intelligents, brillants même, qui savent causer, qui savent intellectualiser, placés haut dans la hiérarchie sociale, habiles à tout justifier. Habiles à manipuler.
Bien-sûr faut que ça pète.

Judith Godrèche, donc. Et maintenant Isild Le Besco.

Isild le Besco, je ne la connais pas autrement que dans ses rôles et dans ses films, mais il se trouve qu’elle a fait une vidéo pour la sortie de mon roman « La bête en elles ». Lorsque mon éditrice m’en avait informée, j’en avais été stupéfaite et j’avais tenté de l’en remercier. Je n’ai pas trop su comment m’y prendre, comment la contacter, je n’ai pas de relations et je ne maîtrise pas trop insta et tous ces machins. J’avais envoyé un message sur un de ces canaux, une bouteille à la mer qui évidemment a dû se perdre dans l’immensité de la toile. En tout cas je n’ai jamais eu de réponse. J’aurais aimé qu’elle sache combien j’ai été touchée par cette vidéo, par sa voix qui porte mon texte et par ces très belles images, avec une lumière magnifique.

Evidemment, je ne sais absolument pas comment lui dire ce grand merci, lui dire combien je la soutiens, elle et toutes celles qui parlent, qui dénoncent, enfin, enfin… enfin ! Mais qui sait, ce billet lui arrivera peut-être sous les yeux, et alors elle saura les bonnes ondes que je lui, que je leur envoie. Je suis, comme des millions de femmes, comme des millions d’hommes aussi (et heureusement !) à vos côtés, de toutes mes forces.

Je terminerais en clamant ce cri de ralliement que mes copains hurlent volontiers lorsque nous autres, les meufs du groupe, partons dans nos grandes tirades et nos questionnements féministes. Parce que je le dis aussi, j’ai eu beaucoup de chances, dans ma vie de femme : j’ai toujours été entourée de garçons et d’hommes respectueux… Ils sont mi-fiers mi moqueurs, mes copains, quand ils braillent en levant leur verre vers nous et nos combats toujours renouvelés : FOUFPOWER !!!

5 commentaires sur « Enfin… ça explose ! »

  1. oh, c’est fou, la figure de l’agresseur-alcoolique-dégénéré-bestial-étranger en prend un coup ! pourtant, c’était efficace et facile et confortable ! le méchant, c’est l’autre ! Mais oh, on découvre d’un coup que oui, c’est un rapport de domination et de contrôle pervers et que ça se passe entre proches, amis, personnes de confiance… et que l’intelligence et la culture peuvent aussi servir à écraser !

    et qu’avec en plus un brin de statut social et d’autorité, ça passe crème, ni vu ni connu, insoupçonnables… donc pourquoi se priver ! (là, j’ai presque envie d’écrire « salauds de bourgeois ! », même si ça sonne suranné.)

    tiens, ça me rappelle un livre écrit pas une amie, la bête en elles…. 🙂

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      1. essaye avec un logiciel de modification de vidéo gratuit de l’enregistrer en version « lecture sur ordinateur ». Ça l’allègera. Fbk ne publie pas si trop lourd. ou essaye de te la renvoyer à toi-même par WeTransfer, le lien de téléchargement pourrait servir………. je ne suis pas douée non plus lol

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